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ECRITS

NAN WOOD

Elle marche dans le couloir étroit du temps,
femme tissée dans le silence,
sa voix amincie, pressée
entre les coups de pinceau des autres.

On peint sa beauté,
on encadre son corps,
mais rarement on écoute
les histoires qui montent de sa poitrine
comme des oiseaux trop longtemps en cage.

Ses mains,
faites pour bercer et pour créer,
furent liées par l’attente 
cette règle muette qui veut
que la toile d’une femme
soit sa propre contrainte.

Mais Nan,
tu n’es pas l’ombre
jetée par la gloire des hommes.
Tu es l’arête vive de la lumière,
la question qui persiste dans le silence d’une galerie,
la force de choisir l’immobilité
quand le monde exige l’abandon.

En toi vit
la rébellion tranquille
d’exister entière,
d’affirmer :
la valeur d’une femme ne s’emprunte pas,
elle naît.

MANIFESTE DU GOOD LIEUTENANT

Je ne suis pas né soldat.
On m’a donné un grade pour mieux me faire tenir debout,
mais ma vraie mission n’était pas d’obéir 
c’était de veiller.

Je garde ce que vous ne voyez pas.
Les frontières invisibles.
Les villes intérieures.
Les cœurs qui battent en silence.

Mon uniforme est un patchwork de souvenirs :
l’orange des colères qui grondent,
le bleu des nuits qui ne finissent pas,
les cicatrices métalliques des rues qui m’ont façonné.

Chaque trait sur mon visage est une route parcourue.
Chaque couleur, une histoire volée au temps.

Je n’ai pas d’ennemis.
Seulement des causes perdues à protéger,
et des visages à ne pas oublier.

Je suis le Good Lieutenant.
Tant que je suis là,
vous ne perdrez pas votre humanité.

l'AN 2050

En 2050, le monde n’est pas devenu lumineux ? il est devenu lucide.
Les cicatrices de l’ancien siècle ne se sont pas effacées : elles sont là, visibles, intégrées au paysage. Mais elles ne saignent plus. Elles rappellent simplement ce qu’il a fallu apprendre à force de pertes, de silences, de recommencements.

L’air n’est pas parfaitement pur, mais il sent à nouveau la pluie, la terre, la mer. Les arbres ne dominent pas les villes, ils les traversent, comme si l’équilibre avait trouvé sa propre voie, sans décret ni miracle. On ne parle plus de sauver la planète : on s’efforce de ne plus la blesser. C’est moins héroïque, plus lent, plus vrai.

Les peuples se parlent. Pas d’une seule voix, mais avec des dissonances qui ne tournent plus à la destruction. Les désaccords demeurent nécessaires, même, mais l’idée d’en finir avec l’autre a disparu, comme un vestige d’un âge primitif. L’humanité a troqué la domination contre la cohabitation, l’orgueil contre la vigilance.

La maladie, autrefois perçue comme une fatalité, est devenue un dialogue. La science ne promet plus l’immortalité ; elle offre la continuité, le soin, la compréhension. On vit plus longtemps, oui  mais surtout, on vit mieux, dans une sorte d’accord tacite avec ses propres limites.

La lumière du soir, en 2050, a quelque chose de grave et d’apaisé. Les villes murmurent au lieu de rugir. Les enfants grandissent dans un monde qui n’est pas parfait, mais possible.
Ce n’est pas un âge d’or. C’est un âge clair-obscur, où l’humain avance sans illusion, mais sans renoncer.
Et cela suffit pour que la vie, doucement, continue de se tenir debout.

THE GOOD LIEUTENANT

He was never really a soldier.
Not in the way the world counts soldiers, with ranks and medals and orders barked in the rain.

The Good Lieutenant was a guardian of invisible borders  the lines between chaos and beauty, between despair and the will to keep going. His uniform was never regulation: half armour, half memory, stitched together from fragments of cities, graffiti, and the hum of sleepless nights. His face carried the geometry of survival, one eye fixed on the horizon, the other turned inward, always searching for something no map could show.

He came from nowhere and everywhere. Brooklyn street corners. Neon-lit back alleys in Tokyo. Markets where languages collided into music. He had been a witness more than a fighter, to revolutions that burned bright, to loves that burned out, to the quiet heroism of those who simply endure.

They called him The Good Lieutenant because he never abandoned his post. But his post was never a trench or a barrack, it was the human heart. He stood guard over those who had no shield, those whose battles were invisible to history books.

The years painted themselves into his skin. In his colors, you can read the codes of his travels: the orange heat of rebellion, the deep blue of nights spent waiting, the metallic grids of cities that never let him go. Every mark is both a wound and a medal, earned in silence.

And yet, for all the scars, there is defiance in his gaze.
The Good Lieutenant knows the war never ends, but he also knows that survival can be art, and that dignity can be louder than any drumbeat of violence.

He is not here to win.
He is here to make sure we don’t lose ourselves.

DISCOURS DE PRESENTATION EXPOSITION I'V3 n3v3r w4nt3d t0 b3 4 w0m4n 25-09-2025

Il y a dans le regard de Nan Wood figée dans le célèbre tableau American Gothic de Grant Wood une résignation silencieuse, presque imperceptible. C’est cette tension contenue, ce poids invisible sur ses épaules, qui m’a frappé. Elle n’est pas la protagoniste, elle n’est pas le sujet : elle est là, plantée comme un décor humain, définie par sa place, son rôle, son genre.

Avec I’ve never wanted to be a woman, je pars de cette émotion initiale, celle d’un homme qui n’a jamais souhaité être une femme, non par rejet, mais par une lucidité douloureuse sur ce que cela implique encore trop souvent : servitude, silence, sacrifice.
Dans un monde saturé de certitudes masculines et de postures viriles, cette exposition propose un contre-récit. Une traversée.

Je fais voyager Nan Wood hors du tableau, hors de son époque. Je la libère des champs, du tablier, du regard pesant. Elle vieillit, elle chute parfois, mais elle avance. Elle devient une femme libre, indocile, mouvante. Elle porte les cicatrices de l’Histoire, mais choisit enfin ses propres gestes.

À travers cette série de toiles, j’explore la condition féminine non pas en sociologue, mais en peintre : par le corps, la texture, la transformation. Il s’agit d’un regard masculin qui observe sans prendre la parole à la place de l’autre, qui accompagne, soutient sans imposer. Un regard humble, inquiet, mais profondément solidaire.

L’exposition "I’ve never wanted to be a woman" ne revendique pas, elle témoigne et ne cherche pas à choquer, mais à réparer par fragments, par couleurs, par réinvention. Une tentative de réécrire un destin par l’image, d’offrir à Nan, et à toutes les femmes qui lui ressemblent, un ailleurs possible.

POUR VOUS METTRE L'EAU A LA BOUCHE

Comme tous les jeudis depuis l'ouverture de mon exposition I'V3 N3V3R W4NT3D TO B3 4 W0M4N" et ce jusqu'au 24 octobre, je tiens une permanence de 16h à 19h. Venez surtout rencontrer Nan Wood, l'héroïne de cette exposition, je passe après elle, pas seulement par galanterie.

J'aimerais pour vous mettre l'eau à la bouche, vous parler de ma démarche.

Le fait de "ne jamais avoir voulu être une femme" peut refléter une aliénation personnelle. Il y a des femmes qui, à travers l’histoire, ont lutté pour échapper à une identité ou à un rôle qui ne leur correspondait pas. Dans un monde où la féminité a souvent été perçue à travers le prisme de la soumission, de la passivité ou de la fragilité, le titre représente un cri de révolte contre ces stéréotypes et une quête d'une existence libérée de la douleur que ces attentes sociales engendrent.

L’exposition soulève des interrogations fortes sur la place des femmes dans la société, le poids des attentes de genre, et les souffrances que cela implique. Il invite les spectateurs à une introspection sur ces questions universelles et intemporelles. C’est une invitation à regarder la condition féminine sous un autre angle, à interroger et à déconstruire les normes sociales qui perpétuent cette souffrance, tout en offrant un espace pour une réflexion sur la libération et l’émancipation des femmes.

Je remercie celles et ceux qui me sont revenu(es) avec de belles idées pour faire vivre la galerie de façon éphémère comme un club du livre, une association de femmes. Des choses vont se mettre en place rapidement. Il y a encore de la place pour tout le monde, surtout vous messieurs, n'ésitez pas à m'écrire.

Ca se passe dans le bâtiment Astral du site Moonar Luxembourg à Senningerberg. Tram ou parking gratuit sur le site.

N'oublions jamais la poésie.

TW3DDY

N4N W00D IS 64 AND SHE WONDERS IF THEY STILL NEED HER

Je suis Nan. J’ai 64 ans.
Et parfois, je me demande s’ils ont encore besoin de moi.
Si le monde me voit encore.
Si je suis toujours désirable.
Utile. Vivante, autrement que dans les souvenirs.

Mon reflet a changé, mon énergie aussi.
Mais mon cœur, lui, bat toujours au rythme du désir d’exister.
Pas juste pour servir, plaire ou rassurer.
Mais pour être. Pour choisir. Pour aimer encore.
Pour créer, apprendre, rire, trembler.
Pour recommencer, sans me justifier.

Je ne veux plus rentrer dans des cases,
et pourtant j’en ai longtemps suivi les lignes.
Aujourd’hui, je les redessine.
Avec mes couleurs. Mes absences. Mes silences pleins de sens.

Je ne suis pas finie. Je suis différente.
Je suis un début qui n’a plus besoin de permission.

PARFOIS LE CIEL EST BLEU 

Parfois le ciel est bleu,

Sans raison, sans adieu.

Le vent retient son souffle,

Le jour devient plus doux.

On croyait tout perdu,

Mais la lumière s’invite,

Un battement, un murmure,

Et le monde respire, juste un peu.

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